Le jeudi 5 décembre 2013, le Ministre français de l’écologie, M. Philippe Martin a ouvert, avec M. Nicolas Hulot, envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète, et en présence du président François Hollande, une table ronde sur la lutte contre le trafic et le braconnage des espèces menacées.

Organisée en parallèle du sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique, elle a rassemblé 21 pays pour l’adoption d’une déclaration commune de lutte contre le braconnage.

Un engagement commun

« Nous, Chefs d’État et ministres, […] exprimons notre plus profonde préoccupation sur l’ampleur et les ravages causés par l’essor sans précédent des actes de braconnage et de trafic qui affectent l’éléphant et les grandes espèces menacées dans toute l’Afrique. Avec ces pillages, ce sont en effet les bases du développement et de la sécurité en Afrique qui sont directement affaiblies par les conséquences de ces trafics criminels. » Tels sont les termes qui ont été approuvées par les pays partenaires, lors de la table ronde.

Pour faire face à la menace du trafic et du braconnage des espèces menacées, les différents États s’engagent à agir sans délai. Ils appellent la communauté internationale à apporter officiellement son plein soutien à la déclaration de Marrakech (adoptée le 30 mai 2013) ainsi qu’aux conclusions politiques et opérationnelles du prochain sommet international de Gaborone (3-4 décembre 2013).

Par ailleurs, ils confirment leur volonté de renforcer la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et Interpol, et d’intensifier leur coopération avec ces organisations.

Les pays signataires appellent aussi l’ensemble des grands bailleurs de fonds à apporter leur soutien aux initiatives nationales et régionales africaines. La lutte contre le braconnage ne peut en effet être efficace que si elle est intégrée dans les politiques de développement durable appuyées par les institutions internationales et les grands bailleurs de fonds. Sur la base de cette déclaration, les différents pays participeront à haut niveau à la Conférence de Londres organisée les 12 et 13 février 2014.

39 tonnes : c’est le poids d’ivoire braconné saisi en Afrique en 2011

L’abattage illégal concerne en particulier les éléphants et les rhinocéros d’Afrique, pour la contrebande de leur ivoire et de leurs cornes.

A titre d’exemple, au Gabon, environ 11 000 éléphants ont été tués illégalement depuis 2004. Par ailleurs, 668 rhinocéros ont été braconnés en Afrique du Sud en 2012. En avril dernier, une milice armée a pénétré dans le site de la Sangha (Cameroun – République centrafricaine – Congo) inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco, abattant 26 éléphants en quelques jours.

En Afrique, les éléphants sont tués plus vite qu’ils ne peuvent se reproduire : le taux d’éléphants braconnés (7,4%) à l’échelle du continent est désormais supérieur au taux de renouvellement naturel de l’espèce (5 à 6%).

Face à des bandes lourdement armées, qui opèrent de manière de plus en plus transfrontalière, et alimentent les trafics de tous genres ainsi que l’instabilité politique, les États sont confrontés à un véritable défi de sécurité et de souveraineté.

Les routes du commerce illégal de l’ivoire

Les principaux pays expéditeurs d’ivoire sont le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie (16 des 34 saisies importantes opérées entre 2009 et 2011 ont été expédiées par le Kenya et la Tanzanie). L’ivoire transite ensuite par Hong Kong, la Malaisie, les Philippines et le Vietnam avec comme pays de destination la Chine et la Thaïlande. Les principaux lieux de saisie sont les grands ports asiatiques.

Les actions de la France contre le braconnage et le trafic d’espèces menacées

Pour se doter d’un dispositif de lutte exigeant, la France a créé un plan national d’action : « Lutte contre le braconnage d’éléphants et contre le trafic d’ivoire et d’autres espèces protégées ». Ce plan prévoit entre autres :

  1. une augmentation des amendes ( par exemple, passage de 150 000 à 750 000 euros en cas de trafic en bande organisée)
  2. un renforcement des pouvoirs des officiers de police judiciaire (OPJ), avec l’élargissement des techniques d’enquête.
  3. des instructions spéciales pour les procureurs sur la lutte contre le trafic des espèces protégées afin de professionnaliser le traitement des affaires de trafic illicite en ayant recours aux juridictions interrégionales spécialisées (JIRS).
  4. etc .

Des projets locaux pour la protection des espèces menacées

Engagée depuis plusieurs années, la France met en œuvre une politique intégrée qui prend en compte l’ensemble des aspects humains, économiques, sociaux et environnementaux de la protection des espèces menacées. À ce titre, elle finance actuellement près de 40 projets intégrés d’aménagement, de développement et de protection des territoires dans 12 pays d’Afrique Sub-saharienne, pour un montant total de 197 millions d’euros via les financements de l’Agence française de développement (AFD) et du Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM). Plusieurs projets sont consacrés à la lutte contre le braconnage des éléphants et autres espèces menacées en Afrique Sub-saharienne.

Source : Ministère français de l’écologie, de l’énergie et du développement durable